Une chose est certaine, l'incertitude est le maître-mot en traduction. Pourtant c'est un sujet qui n'est jamais abordé dans les congrès ! Un tel déni montre à quel point l'héritage théorique a modelé la réflexion sur la traduction. Les guerres fratricides entre écoles qui opposent la littéralité à la liberté, la fidélité à la trahison, la neutralité au parti pris, l'objectivité à la subjectivité, la clarté à l'ambiguïté ont marqué au fer rouge les théories qui hantent l'esprit et les dédales de la traductologie. Il est grand temps de s'affranchir du joug des dualités et de trouver une nouvelle voie qui tienne compte des incertitudes et les intègrent dans l'activité traduisante.
Pour ce faire, il faut repenser le processus de traduction et déterminer quels facteurs doivent être mis en avant pour déceler l'équivoque, l'imprécision, les fluctuations, etc. Le traducteur, au lieu de faire l'autruche, aurait tout à y gagner s'il traquait l'incertitude non pas pour la mettre à bas, mais bien au contraire pour la ramener à flot. La traducteur n'est pas prestidigitateur, il est interprète -dans tous les sens du terme- et se doit de mettre le doigt sur les zones d'imprécisions, soient-elles textuelles, linguistiques, culturelles, rhétoriques, contextuelles ou autre.
Baguette en main -non pas celle du magicien-, le traducteur est un chef d'orchestre impromptu dans un espace-temps hétérogène où la mélodie est jouée par des musiciens qui interprètent une partition selon des règles de distribution différentes, et ce, dans un monde où la communication syncopée à tout-va impose des rythmes effrénés. L'activité traduisante s'apparente donc plus à une jam session où les intervenants improvisent sans se préoccuper du chef d'orchestre. Au traducteur de chercher la manière la plus adéquate de transformer la cacophonie en harmonie dans le cadre bien précis défini par l'acte communicatif, sorte de cérémonie à laquelle prennent part des acteurs sociaux qui dialoguent et échangent des informations selon des conventions réglementées.
Face à la certitude de l'équivalence qui s'érige comme principe recteur de l'activité traduisante se dresse l'incertitude remettant en question tout l'édifice idéologique de la traduction qui risque de s'effondrer à la moindre fausse note, tel un château de cartes. Le doute plane; revient alors la sempiternelle question : comment être sûr des intentions de l'auteur, des attentes du récepteur, de l'effet escompté et des motivations du commanditaire ? Et si l'enjeu n'était pas d'atteindre à tout prix la précision, mais d'identifier les zones d'ombre et les transposer dans le texte traduit ?
Répondre à ces questions c'est tenter de conserver le sfumato de l'image qui se reflète dans les eaux troubles de la traduction. C'est plus que jamais ébaucher une révolution de la traduction et sortir de l'ombre les imprécisions pour faire du flou artistique notre meilleur allié.
La Parole J’ai la beauté facile et c’est heureux. Je glisse sur les toits des vents Je glisse sur le toit des mers Je suis devenue sentimentale Je ne connais plus le conducteur Je ne bouge plus soie sur les glaces Je suis malade fleurs et cailloux J’aime le plus chinois aux nues J’aime la plus nue aux écarts d’oiseau Je suis vieille mais ici je suis belle Et l’ombre qui descend des fenêtres profondes Epargne chaque soir le coeur noir de mes yeux. Paul Eluard, Capitale de la douleur, 1923
viernes, 4 de julio de 2014
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