Le regard droit devant, je marche sur la corde raide
J’avance sans tituber verte de peur. La haine
Jette, dans les airs, l’encre de seiche. Les éclats de peine
Emmènent mes pensées. J’invoque de l’aide.
J’entends les cris, sous mes pieds la corde crisse
Perdre pied sans craquer, respiration à la traîne.
Le moi, que je déteste, se désespère, se déchaîne
Le vide autour de moi m’interpelle, je me hisse.
Que de supplices faut-il subir pour être mère ?
Le bas m’attire, je cède au temps qui s'égrène
Sans remède pour la plaie sévère qui saigne
Et baigne le fond verdoyant d’un rouge vermeil.
Elle s’est égarée, ma tête à fait rouler sur le gel,
La foule s'émerveille de ce corps décapité, sans chef
À couvrir, sans tête à garnir. Et le moi à tue-tête hèle
La tête haute, la tête en l’air, le tête-à-tête ; bref
Sans queue ni tête, je vénère la paix ici même.
Le visage blême, la haine au ventre, le cœur en peine,
Je me heurte à moi-même, image nette d’un « je » flou.
Elle m’appelle maman pourtant, mais me pousse au courroux
Dans la flamme alerte de mes nerfs qui craquent, ma chair
Aux entrailles entrouvertes rêve d'être sereine et non éclair
Déchirant mon ciel, ma vie, enfin elle, ... et moi, aigres
Avec, pour maigre réconfort, la corde toujours aussi raide.
La haine m’emmène vers la peine, une plaine où se traînent
Les unes et les autres, elle et lui. « Que l'amour nous vienne en aide »
Scandent les voix des sans voix, l’araignée me rattrape, hisse
Son fil qu’elle tisse pour l’envers tapisser. Araignée mère
Araignée reine, mygale, tarantule, les fils le temps égrènent
Et attrapent moustiques repus de sang ; couleur vermeil.
Noble tâche que d'être mère, et le « moi » à l'étroit saigne,
Fuit la chaleur torride. Ici, les hyènes et leurs cris gèlent
Le sang vibrant de vie, le sang de la femme, des cheffes
De villages lointains dans l’intemporelle vallée où les louves hèlent
Pour ne pas pleurer, sans force pour hululer leur incessante peine,
Blessées par les chasseurs aux rires gras, au regard fou et souffle bref,
Aveuglés par leur bestialité éprouvée, ...ivrognes, ceux-là mêmes
Qui, gonflés d’orgueil, se prennent pour des dieux. Ils peinent
À voir ce que la Mère Nature a offert de plus précieux dans le flou
De leur vision du réel, vénérant la virilité dans les armes du courroux.
Après une journée éprouvante et une semaine terrifiante...
La Parole J’ai la beauté facile et c’est heureux. Je glisse sur les toits des vents Je glisse sur le toit des mers Je suis devenue sentimentale Je ne connais plus le conducteur Je ne bouge plus soie sur les glaces Je suis malade fleurs et cailloux J’aime le plus chinois aux nues J’aime la plus nue aux écarts d’oiseau Je suis vieille mais ici je suis belle Et l’ombre qui descend des fenêtres profondes Epargne chaque soir le coeur noir de mes yeux. Paul Eluard, Capitale de la douleur, 1923
martes, 7 de febrero de 2017
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